14 février 2014
Galerie du Pôle Image Haute-Normandie
Corinne Mercadier
La mise en scène est une tendance forte de la photographie contemporaine. Mêlant fiction et réalité, narration et documentaire, les images des artistes présentées jouent du dispositif photographique pour ouvrir à toutes les imaginations par les poses des personnages et le choix d’un décor. Le cadrage y est primordial, comme la saisie du mouvement ou les détails de la figure. Avec Solo (2011-2013), Corinne Mercadier décline, dans l’espace sombre de lieux indéfinissables (piste d’aéroport, salins abandonnés) transformés en scène de théâtre, des compositions métaphysiques où des personnages énigmatiques entourés d’objets lancés se confrontent à un temps suspendu. Sabine Meier fabrique elle-même à l’atelier ses décors, elle y construit des tableaux comme autant de dispositifs illusionnistes où s’inscrivent l’artiste elle-même, son modèle, des vues en trompe-l’œil… Les 7 métamorphoses (2009-2012) forment une narration sans récit, un jeu de perspective et de figures évoquant des présences absorbées dans des lieux indécis. Les deux artistes investissent la photographie comme la scène d’un théâtre.
26 janvier 2014
Helsinki - Paris
Dorothée Smith – Exposition – Hors pistes
SPECTROGRAPHIES
Dorothée Smith tentera ici de saisir, circonscrire, déconstruire une figure qui l’obsède : celle du spectre, à partir du motif singulier de la hantise. Hantise des corps et des esprits, du corps et de l’esprit amoureux en particulier. Le cinéma serait le médium spectral par excellence – une science des fantômes, idéale pour esquisser une définition du spectre, et de ce que cela signifie de hanter, et d’être hanté.
« Spectrographies » sera un road-movie documentaire, une enquête subjective articulée autour de rencontres nocturnes avec des spécialistes de la spectralité cinématographique, et dont ce solo show constituera une étape. Ces rencontres se dessineront autour d’une question : croyez-vous aux fantômes ?
Dorothée tournera des images dans les semaines précédant et suivant le solo show, en se promenant dans les méandres du Centre Pompidou, du Fresnoy, du Père-Lachaise… à la recherche de Pascale Ogier, Nadja ou Milena. Sur scène, se succèderont un concert pour champ électromagnétique, une conversation archéonumérique avec un spectre digital, des projections d’archives hantées, une rencontre avec une sorcière surexposée, une promenade thermique avec Kafka dans la neige canadienne… autant d’images d’un film en train de se (dé)faire, ici et maintenant. Face à ces échographies du réel, peut-être percevrons-nous des traces, des empreintes, des survivances… On se demande encore et encore, quel cinéma nous hantera sans cesse… et si c’était celui de Dorothée Smith ?
[production Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains]

Organisateur : DDC / Les cinémas, Géraldine GOMEZ

15 janvier 2014
Galerie RX, Paris- Arsenal de Metz
Deux expositions de Denis Darzacq
Pour sa première exposition à la galerie, Denis Darzacq occupera les deux espaces parisiens dans lesquels il présentera ses séries « Hyper » et « Recomposition ».
 
Issu du photoreportage, Denis Darzacq, que semble tarauder l’obsédante question du vivre ensemble, dresse patiemment une véritable fresque des nouvelles réalités urbaines et, plus encore, des problématiques liées à l’appréhension des territoires de la cité par les foules, les groupes ou les individus isolés. Guidé par une extrême curiosité, il part, à la manière d’un arpenteur des villes et de leur périphérie, à la rencontre d’univers ou de tribus, qu’il connaît peu ou mal mais auxquels le relie une forme personnelle de proximité. Il tente d’en percevoir puis d’en traduire plastiquement la dimension poétique ou seulement singulière. Une quête qui se double d’une attention extrême portée aux différents modes d’inscription des corps dans l’espace citadin.
 
Dans sa série Hyper, Denis Darzacq photographie des jeunes danseurs à qui il demande d’effectuer des sauts, avec pour toile de fond des rayons d’hypermarchés. Pas d’illusion donc, pas de montage, mais une photographie instantanée où la capture en plein vol d’une image semble figer le temps.
L’artiste dans une mise en scène sculpturale, loin des conventions de la représentation du réel, souligne le paradoxe de la réalité des corps face à l’abstraction des décors ; entre l’aspect immuable des rayonnages de moquettes et la volupté de ces corps en lévitation.
La présence inattendue de ces corps exaltés qui viennent dans un mouvement perturber l’ordre existant, insuffle alors un vent de liberté qui traverse les allées inanimée des hypermarchés.