Catherine Henriette

Photographe

En sortant de la salle d’examen où elle vient de terminer sa maîtrise de chinois, Catherine Henriette s’aperçoit qu’en fait, elle ne maîtrise rien du tout.
Entre 1/125ème et 1/250ème de seconde, elle décide alors d’aller voir là-bas si elle y est … « Là-bas », c’est la Chine et les fameux 700 000 millions de Chinois de la chanson de Dutronc.  Et elle, et elle et elle…?

Au coeur de la foule pas franchement sentimentale mais plutôt tournée vers l’industrialisation à l’extrême, son coeur d’or est frappé par l’halogénure d’argent: elle sera photographe. Elle se défait, elle se débat – ce n’est pas une fille facile – , elle veut rester maître de son destin… Mais sa destinée est encore plus grande qu’elle. Photographe elle sera.

Son hyper-sensibilité enfantine se meut alors en émotion. Sa solitude en indépendance. Et peu à peu, son immense stature sensible finit par dépasser la physique. A la différence des autres filles, ce n’est pas la quincaillerie dorée autour du cou qui la rend jolie, c’est son Leica noir qui la rend belle. De l’ANPE à l’AFP, elle acquiert ses lettres de noblesse, et depuis, parcourt le monde et ses visages pour le bonheur des lecteurs de GEO, Le Figaro, L’Express…Puis, un matin d’hiver, capturer l’instant ne lui suffit plus. Elle veut s’emparer du temps. Elle pose alors son appareil comme on poserait un chevalet, et crée des compositions où s’harmonisent l’infiniment grand et l’infiniment petit, le désordre et la symétrie, la permanence et la fuite. Ironie du sort, c’est le Jury de l’Académie des Beaux Arts qui la met sous les projecteurs pour ce travail, en lui attribuant son Prix de La Photographie 2013.

Marc Desmazières