Qu’avons-nous à faire ici ? C’est un monde qui n’est pas le nôtre. On nous laissait croire à des chemins tranquilles avec traces                de chevreuils, à des clairières comme des jardins                de curé, pleines de verge d’or et d’épilobe.                Et mousse qui rime avec douce. Et sente qui rime avec lente. On                nous faisait croire à la grande paix des bois. Mais il suffit                de regarder les images : ce qu’on raconte, c’est juste                une histoire pour pas avoir peur. 
La forêt nous est étrangère depuis très longtemps. Avant même les temps où la pierre affûtée, la patience et le feu inventaient la lisière, étendaient les possessions du jour dans les grands cris rauques des arbres qui tombent, qui entraînent l’ombre dans leur chute, l’ombre et les nids profonds. La forêt nous est étrangère depuis toujours. Les contes, c’est tout traduit de l’ombre, et leur morale, c’est qu’il faut en sortir, gagner l’au-dehors, la terre déboisée avec ses meutes d’hommes qui ont quelquefois un regard de douceur. […] Pierre Lieutaghi
La forêt nous est étrangère depuis très longtemps. Avant même les temps où la pierre affûtée, la patience et le feu inventaient la lisière, étendaient les possessions du jour dans les grands cris rauques des arbres qui tombent, qui entraînent l’ombre dans leur chute, l’ombre et les nids profonds. La forêt nous est étrangère depuis toujours. Les contes, c’est tout traduit de l’ombre, et leur morale, c’est qu’il faut en sortir, gagner l’au-dehors, la terre déboisée avec ses meutes d’hommes qui ont quelquefois un regard de douceur. […] Pierre Lieutaghi
