“Pour la série « Les Antichambres », Anne Immelé s’est immergée dans l’espace urbain Rhénan à la croisée de trois pays (France, Allemagne, Suisse).
Des murs aseptiques, des sols « planifiés », des parcs vides se manifestent comme des puissances immobiles, suspendus aux devenirs du temps et à de possibles rencontres. Des espaces en construction qui semblent déjà porter les brisures à venir, des logements blottis comme des corps démunis agissent ici comme autant de présences politiques et poétiques, révélant les remous du monde familier, les charges affectives de la matière et son inaltérable mouvement de mémoire. Des visages fixent des lointains et semblent sceller un mouvement méditatif avec un autre côté du monde, débordant d’incertitudes et de possibles.
La photographe inquiète nos visions de l’urbanité et questionne l’appropriation, l’habitation par les hommes des projets architecturaux. Ses images circonscrivent des corps de façades à remplir, des passages à arpenter ou à déserter, des lotissements esseulés, des chantiers emplis d’imaginaires, des chemins habités par le pas de l’enfance, des sols émiettés. Chez Anne Immelé, le paysage urbain est le contraire d’une toile de fond muette, enveloppante et rassurante. Ces intranquillités latentes sont autant de forces de connaissances qui invitent à reconsidérer nos ordinaires urbains.” Corinne Maury
Parution
04/05/2009
Collection
Hors Collection
Format
230 x 290
Relié couverture cartonnée
34 photographies en couleur
64 pages
ISBN : 978-2-35046-166-3
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Paru dans la presse

Anne Immelé

Critique d'art, Photographe

Anne Immelé, docteure en art, est photographe, professeure de photographie, commissaire d’exposition. Son travail explore les liens entre mémoire, territoire et hospitalité. Dans sa dernière série Mélita, Refuge, elle tisse un récit visuel entre les routes antiques des Phéniciens et les trajectoires migratoires contemporaines, capturant des lieux chargés d’histoire à Malte, en Sicile et en Tunisie. Ses images, poétiques et engagées, interrogent les notions de refuge et de déplacement. Fondatrice de la Biennale de la photographie de Mulhouse, elle enseigne à la Haute école des arts du Rhin et poursuit une recherche curatoriale sur les formes d’exposition photographique. Les photographies d’Anne Immelé interrogent notre rapport au territoire dans ses multiples dimensions : géographique, humaine, sociale mais aussi mémorielle et poétique. C’est à travers l’édition et l’accrochage que ses images entrent en dialogue les unes avec les autres, créant un terrain de confrontation. Elle expérimente des rapprochements, montrant simultanément des visages et des vues de lieux chargés de nos mémoires individuelles ou collectives. Par ce moyen, elle renouvelle un questionnement sur le vivre ensemble et sur le partage d’une expérience commune. Elle est l’auteure de plusieurs livres, dont WIR (avec le philosophe Jean-Luc Nancy) et Les Antichambres aux éditions Filigrane, Oublie Oublie, et Jardins du Riesthal chez Médiapop Editions. Son travail photographique est régulièrement exposé, comme en 2019 à la Fondation Fernet-Branca (Saint-Louis) pour une exposition solo, en 2022 à la Galerie Made (Parcours Paris Photo x Elles). Son projet le plus récent Mélita, refuge explore la condition migratoire contemporaine en Méditerranée, en la reliant à la quête ancestrale du refuge. Soutenu par l’aide à la photo documentaire du CNAP, ce projet s’est concrétisé en 2024, par différentes expositions durant la Biennale d’art contemporain de Malte, à Palerme (programme SUITES du CNAP), durant le festival Jaou à Tunis, et à Stimultania, structure porteuse du projet à Strasbourg. En 2013, elle a co-fondé la BPM – Biennale de la photographie de Mulhouse pour laquelle elle travaille en tant que directrice artistique et commissaire de certaines expositions. La 6e édition de la BPM Mondes impossibles réunissant 13 expositions s’est déroulée en 2024. Son travail de curatrice est souvent fondé sur une compréhension spatiale des lieux et sur l’association des photographies entre elles. Sa recherche curatoriale découle d’une thèse intitulée « Constellations photographiques », soutenue en 2007 à l’Université de Strasbourg et publiée par Médiapop Éditions en 2015. Son intérêt concernant les enjeux de l’exposition dans le champ de la photographie contemporaine se reflète également dans des articles publiés dans le magazine Art Press. Professeur à la HEAR, Haute école des arts du Rhin, elle coordonne le Master Art.

Corinne Maury est chercheur en esthétique des images et enseigne le cinéma à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.