Il s’inscrit clairement dans une tradition de la photographie documentaire, de la narration, de l’essai et de l’engagement. Témoigner, donner à voir, de préférence en noir et blanc, pactiser avec le temps pour aller au-delà des apparences, se faire accepter pour à la fois respecter ceux qu’il représente et livrer des clés qui dépassent l’anecdote, telles sont les bases de ses enquêtes au long cours.
Chez lui, en Kabylie, tout comme auprès des militants de l’Azawad avec lesquels il entretient d’abord une proximité culturelle ou en Allemagne où il est basé, il s’attache aux gens, au regards, aux attitudes. Il tente de décrypter les situations et de nous partager avec nous ces univers complexes souvent difficiles à approcher ou, trop souvent, dissimulés par des clichés et des stéréotypes.
Ferhat Bouda s ’intéresse principalement aux minorités : des Berbères aux peuples nomades comme les Touaregs, les Mongols.
Cahier est une collection de carnets de travail édités en fac-similé, dirigée par Zoème à Marseille. Chaque livre offre au lecteur la possibilité de pénétrer dans l’intimité du processus créatif chez les photographes : croquis, esquisses, notes constituent, avant l’œuvre aboutie, un corps esthétique autonome d’autant plus vital qu’il est encore en gestation. Nous avons déjà publié Arja Hyytiäinen, Ali Taptik, Nina Korhonen, Julien Magre, Pascal Grimaud. Pour ces artistes le carnet est un support de réflexion et de recherche : textes, coupures de presse, extraits de notes prises sur internet, planche-contact, e-mail, etc ; le monde y est confronté, décanté, trié, dans un va-et-vient continu entre l’intime et le public, entre communauté et conscience.
Ferhat Bouda
Photographe
Ferhat Bouda est né en Kabylie. Adolescent, il se bat pour la reconnaissance de la langue berbère dans la Constitution algérienne. Il quitte l’Algérie pour faire des études de cinéma à Paris avant de se passionner pour la photographie. “Je voulais que que ma grand-mère puisse voir des films dans sa propre langue”. Au cœur des années 2000 il s’installe à Franckfort. En 2005, la ville tente de chasser les punks des espaces publics, Ferhat utilise son appareil photo pour dénoncer cette situation. Depuis lors le photographe s’intéresse principalement aux minorités et groupes marginaux et tente d’attirer l’attention sur les problèmes et les besoins de ces populations.